- NYMPHÉE
- NYMPHÉENYMPHÉELe mot nymphée (du grec numphaïon ) désigne, en premier lieu, un sanctuaire consacré aux Nymphes. Celles-ci étant des divinités de l’eau, on en vient rapidement à se servir du terme pour nommer des fontaines publiques monumentales. C’est dans ce sens qu’est toujours pris le latin nymphaeum .Les architectes grecs avaient déjà réalisé des fontaines monumentales, comme l’Enneakrounos d’Athènes (fontaine aménagée par Pisistrate). À l’époque hellénistique, on s’applique à donner une allure architecturale à des grottes naturelles où jaillit une eau tenue pour sacrée. La grotte se transforme en abside ou en chambre voûtée que précède le bassin de puisage. À partir de ces éléments, les constructeurs romains, qui ont su d’autre part aménager des «antres» naturels comme celui de Sperlonga, ont créé deux types d’édifices. On rencontre le premier, le nymphée-basilique, surtout en Italie. Il se compose d’une salle rectangulaire allongée, comportant généralement une double colonnade intérieure parallèle aux longs côtés, et terminée sur l’un des petits côtés par une abside où jaillit l’eau. On connaît des édifices de ce type, remontant au \NYMPHÉE Ier siècle, à Tivoli, à Formies dans la villa dite de Cicéron, au lac d’Albano. L’«auditorium de Mécène», qui subsiste encore sur le Viminal, appartient à cette série, de même que l’une des pièces de la Maison d’Or de Néron, richement décorée de mosaïques. Un nymphée-basilique a été découvert à Bolsena dans la province de Viterbe. L’un des édifices les mieux conservés est le temple dit de Diane à Nîmes, qui fait partie d’un complexe cultuel consacré au dieu Nemausus, personnification de la source qui jaillit au pied du mont Cavalier; les eaux sont recueillies dans un bassin artificiel, entourant une île carrée qui devait porter un autel; le «temple de Diane» (un autre temple et un théâtre dominaient le bassin) a été reconstitué au XVIIIe siècle avec beaucoup d’exactitude.Le second type, le nymphée-théâtre, s’apparente aux murs de scène des théâtres romains. Il consiste en un mur, tantôt rectiligne, tantôt courbe, défoncé de niches dans lesquelles jaillissaient des fontaines.La catégorie curviligne, qui évoque une immense grotte où l’eau coulait de plusieurs sources, est représentée par le Canope de la villa d’Hadrien à Tivoli, où la grotte est l’aboutissement d’un long canal; par le nymphée d’Alexandre Sévère, qui déversait les eaux de l’Aqua Julia, par de nombreux édifices d’Ostie, par le nymphée sévérien de Lepcis Magna, l’exèdre d’Hérode Atticus à Olympie, etc. On rattache souvent à ce type les septizonia , monuments élevés en l’honneur du Soleil, de la Lune et des planètes — dont le plus impressionnant fut dressé par Septime Sévère à l’extrémité du Palatin —, qui reproduisaient exactement un mur de scène (frons scaenae ) avec leurs trois absides juxtaposées et leurs colonnades étagées sur trois niveaux; mais il n’est pas certain qu’ils aient toujours comporté des fontaines. Dans les véritables théâtres, d’ailleurs, les fontaines sont un des ornements habituels des niches du pulpitum (mur qui porte la scène), et l’on pouvait dans certains donner des spectacles aquatiques.La catégorie rectiligne, moins somptueuse, est représentée dans presque toutes les villes de l’Empire par des fontaines publiques qui décoraient notamment les forums et des fontaines privées qui ornaient les péristyles des maisons riches. Ostie présente plusieurs exemples de cette dernière catégorie dans ses hôtels aristocratiques qui datent du IVe siècle.La Gaule, dans ce domaine comme dans bien d’autres, fait preuve d’originalité. Les nymphées-théâtres y paraissent inconnus. Il y avait pourtant un grand nombre de sources sacrées, dont certaines étaient annexées à des temples et pouvaient être richement ornées de sculptures, comme celle de Genainville, dans le Vexin.⇒NYMPHÉE, subst. masc.ANTIQ. GR. et ROM. Lieu consacré aux nymphes, constitué généralement par une grotte naturelle ou artificielle où coule une source; en partic. fontaine monumentale; édifice bâti autour d'une fontaine ou d'un bassin, richement décoré de statues, dédié aux nymphes, et servant de lieu de réunion ou de repos chez les Romains. Dans presque toutes les maisons de plaisance des anciens, il y avait des nymphées, qui servaient ordinairement de bains (Ac. 1835-1935). Les bassins plus enfoncés dans le sol prennent le nom de nymphées; ils sont parfois accompagnés de portiques sous terrasses, de salles fraîches (GUADET, Archit., t.4, 1901-04, p.181). Je l'imaginais [l'aqueduc], celui-là même qui portait à Carthage les eaux limpides du nymphée (GIDE, Si le grain, 1924, p.555).— P. anal. Bassin. Moi, je cherche un brochet pour nettoyer le petit nymphée, où les grenouilles frayent un peu trop (SAND, Corresp., t.5, 1864, p.37).Rem. Genre fém., encore attesté ds Ac. 1835, LITTRÉ, et chez des aut.du XXes.: Les verres, sur le marbre, tenaient une onde verte, qu'on eût dit puisée dans la nappe émeraude d'un billard, bassin de cette nymphée (VALÉRY, Variété II, 1929, p.159).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep.1762. Étymol. et Hist. 1732 (Trév.: Nymphée... Bâtiment; édifice qui renferme des grottes et des fontaines, où il y a plusieurs Nymphes... Il y avoit des Nymphées à Rome, à Constantinople et ailleurs). Empr. au lat. nympheum «fontaine consacrée aux muses» (gr.
«lieu consacré aux nymphes»); cf. 1688 nymphaeum (Journal des Savants, p.171), 1840 nymphéum (Ac. Compl. 1842). Bbg. Archit. 1972, p.182.
nymphée [nɛ̃fe] n. m. ou f.ÉTYM. Fin XVe; de nymphe, I., 1.❖♦ Archéol. Grotte naturelle ou artificielle, où jaillissait une source, une fontaine; sanctuaire consacré aux nymphes. || Vases, statues qui décoraient les nymphées. || Une riche demeure avait souvent sa nymphée privée (ou : son nymphée privé).♦ Var. didact. Nymphaeum, nom masculin.
Encyclopédie Universelle. 2012.